Le réflexe tonique asymétrique du cou (RTAC pour les intimes)
Lorsque bébé tourne sa tête d’un côté, attiré par un son ou par quelque chose à regarder, il va automatiquement tendre son bras de ce même côté (et souvent tendre aussi sa jambe), fléchir son bras (et sa jambe) de l'autre côté et prendre ainsi une position asymétrique qui fait penser à la posture de base d'un escrimeur ou d'un archer avec une inclinaison lombaire du côté des membres fléchis.
Ce réflexe apparaît in-utéro. Il est donc présent à la naissance et s'inhibe vers le 6ème mois de vie.
Voyez-le donc en vidéo.
A quoi sert-il ?
Le RTAC est très important pour paramétrer l'oculomotricité. Le réflexe étant stimulé par la rotation cervicale qui elle-même est amenée par la volonté d'orienter sa tête pour voir ou écouter.
poursuite oculaire -> rotation cervicale -> allongement du bras
Il permet la coordination œil-main et progressivement, par l'exécution de mouvements différents à droite et à gauche (les membres s'allongent du côté où la tête se tourne et se fléchissent de l'autre côté), il permet la mise en place d'une bonne latéralisation.
Bébé va progressivement pouvoir expérimenter un modèle de mouvements centre-périphérie. Par le développement de sa motricité volontaire qui fait suite à l'inhibition des réflexes archaïques, il pourra voir un objet, tourner sa tête dans sa direction, allonger le bras et le prendre pour l'amener à lui ou à sa bouche. Le RTAC fait partie d'un métaschème avec l'agrippement palmaire, le palmo-mentonnier de Babkin, le réflexe de traction des mains.
Une bonne latéralisation est essentielle à l'aisance des apprentissages. En effet, l'écriture par exemple nécessite une coordination œil-main harmonieuse. Il est difficile, pour un enfant dont le RTAC est toujours présent, d'écrire sur une ligne et de la suivre. Lorsque sa tête va légèrement se tourner vers la droite pour regarder le bord de la page, son bras va s'étendre et s'éloigner le perturbant dans sa graphie.
La lecture utilise la capacité de pouvoir bouger librement ses yeux sans qu'il n'y ait de mouvement parasite de la tête ou des bras.
On retrouve très fréquemment un RTAC mal intégré lors de trouble "dys" (dyslexie, dysgraphie, dyspraxie). L'enfant va chercher des stratégies lui permettant de palier à ses mouvements automatiques. Il peut poser sa tête sur son bras pour limiter la mobilité de la tête ou pour diminuer les stimulations d'un œil ou d'une oreille ou encore s'asseoir sur une jambe pour éviter qu'elle ne s'active à chaque mouvement de tête.
Dans la vie quotidienne, si ce réflexe est mal intégré, il peut entraîner de la maladresse en faisant bouger les membres de manière involontaire. Pourquoi donc Loïc renverse-t-il toujours son verre d'eau lorsqu'il est à table? Peut-être parce que son frère qui est placé à sa droite lui parle et que lorsqu'il tourne sa tête pour l'écouter, son bras s'étire et renverse son gobelet... et pourquoi Carole ne peut-elle pas s'asseoir convenablement sur sa chaise? Peut-être qu'elle tente de minimiser ces mouvements parasites que font ses jambes lorsqu'elle tourne la tête. En s'asseyant dessus, ses jambes ne bougent plus et Carole se sent plus disponible pour regarder et écouter.
Un RTAC, comme il a été mentionné en début d'article, entraîne une inclinaison lombaire du côté opposé à la rotation de tête. C'est le muscle carré des lombes qui se charge de ce mouvement. Lorsqu'il n'est pas totalement inhibé, qu'il n'a pas 100% maturé (ou qu'il a resurgit à la suite d'un choc par exemple), cette contraction réflexe (à fortiori si elle n'est que d'un côté) peut entraver la bonne posture par un déséquilibre du bassin et entretenir la persistance de maux de dos.
Qu'est-ce qui peut entraver la bonne intégration du RTAC chez l'enfant?
On l'aura compris, c'est en stimulant et en répétant le schème réflexe que l'on développe une bonne motricité volontaire. Dans ce cas, il faut donc laisser libre la mobilité cervicale et permettre à bébé de tourner sa tête des deux côtés.
Les arches des tapis d'éveil vont à l'encontre de cette intégration en ne stimulant la vision que devant soi et en limitant ainsi les mouvements sur les côtés.
Les relax et les youpalas ne permettent pas non plus une motricité libre.
Normalement, le RTAC devrait être inhibé vers le 6ème mois de vie.
Lorsque ce n'est pas le cas, le déplacement à 4 pattes s'en retrouve souvent perturbé. Et oui, la latéralisation est importante pour cette étape du développement moteur. Loïc et Carole sont-ils allé à 4 pattes?
Un RTAC mal intégré d'un côté entraîne parfois les enfants à se déplacer sur les fesses, une jambe fléchie et l'autre qui pousse ou qui tire... Sur cette photo, on constate que l'enfant a la tête tournée vers sa droite et que ses membres droits sont plutôt tendus et les gauches plus en flexion. Voilà par exemple, le même schème en mouvement.
Le déplacement à 4 pattes utilise la motricité volontaire
Bien latéralisés, nous devons être capable d'effectuer aisément des mouvements croisés (voir les mouvements croisés en vidéo).
Je vous ai expliqué ici ce qu'est le RTAC, et en tant qu'ostéopathe praticienne en méthodologie Arc-en-Flex®, je viendrai de temps à autre vous présenter d'autres réflexes archaïques. Puisque je vous ai parlé du RTAC, voici en vidéo comment savoir s'il est encore présent... Et voici comment le tester debout.
Et pour en savoir plus sur la Méthodologie Arc-en-Flex®, rdv ici
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